En observant le marché immobilier suisse en 2025, je suis frappé par la stabilité et la confiance qui s’en dégagent. Alors que de nombreux marchés européens restent attentifs aux risques potentiels, la Suisse continue d’avancer avec une certaine sérénité. Ici, la confiance n’est pas qu’un mot, c’est une véritable fondation du système bancaire et financier.
Le marché immobilier suisse en 2025 continue de fasciner par sa résilience et la confiance qu’il inspire, tant aux institutions bancaires qu’aux investisseurs privés. Dans un contexte européen souvent marqué par la prudence, la Suisse affiche une stabilité remarquable, portée par des fondamentaux solides et une culture du crédit singulière.

Une dynamique de prix toujours soutenue
Au premier trimestre 2025, les prix des logements en propriété ont progressé de 1,5% par rapport au trimestre précédent, soit la plus forte hausse depuis mi-2022. Sur un an, la hausse atteint 3,2%, corrigée à 2,8% en tenant compte de l’inflation. Les maisons individuelles du segment moyen affichent même une augmentation de 4,7% sur un an, tandis que les appartements progressent de 4,4%. Cette dynamique s’explique par une demande qui reste supérieure à l’offre, alimentée par une croissance démographique soutenue (+81 000 habitants attendus en 2025).
La pénurie de logements, persistante malgré une hausse des autorisations de construire (+24% en 2024), continue de soutenir la hausse des prix et des loyers, notamment dans les grandes villes comme Zurich, Genève ou Lausanne. Les loyers proposés ont augmenté de 2,2% et les loyers en cours de 3,2% sur un an, avec une prévision de hausse modérée à +1,9% pour 2025.
La politique monétaire de la Banque nationale suisse (BNS) a joué un rôle déterminant. Après quatre baisses successives des taux directeurs en 2024, passant de 1,75% à 0,5%, une nouvelle baisse de 0,25 point est envisagée. Ces conditions d’emprunt favorables stimulent la demande et maintiennent la pression sur les prix, alors même que l’offre reste contrainte.
La confiance bancaire, un modèle à part
Ce qui distingue la Suisse, c’est la confiance structurelle des banques dans la solidité du marché immobilier. Les établissements helvétiques n’anticipent pas de corrections majeures : seuls 22% envisagent d’ajuster la valeur de leurs prêts immobiliers, un chiffre en nette baisse par rapport à l’an dernier. Cette confiance se traduit aussi par une approche singulière du crédit hypothécaire : il est courant de ne jamais solder complètement son prêt, en ne remboursant que les intérêts sur le premier rang hypothécaire, ce qui est parfaitement accepté par le système bancaire et fiscal suisse.
Cette pratique, qui peut surprendre ailleurs en Europe, repose sur une conviction partagée que la valeur des biens immobiliers restera stable, voire croissante. Pour Daniel Zaugg, expert chez EY Suisse, « ce résultat témoigne d'un consensus remarquable sur les perspectives du marché de l'investissement immobilier et révèle la confiance collective des investisseurs dans cette classe d'actifs. »
Un modèle culturel et institutionnel
Le Swiss Real Estate Bubble Index est passé de 0,25 à 0,29 au premier trimestre 2025, signalant un risque de bulle modéré, notamment dans certaines régions touristiques. Toutefois, la majorité des analystes s’accordent à dire que la pénurie de logements, la croissance démographique et la stabilité macroéconomique devraient continuer à soutenir le marché. La Suisse reste ainsi perçue comme un marché refuge : 93% des investisseurs jugent l’immobilier helvétique « attrayant » ou « très attrayant » pour 2025, et 60% prévoient d’augmenter leurs investissements cette année.
Derrière ces chiffres, c’est un modèle institutionnel et culturel qui s’exprime :
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Une confiance partagée entre banques, investisseurs et particuliers
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Un rapport apaisé à la dette, vue comme un outil de gestion patrimoniale
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Une vision à long terme, privilégiant l’anticipation à la réaction
La Suisse démontre ainsi qu’un marché immobilier peut rester dynamique et attractif, même dans un contexte de volatilité internationale, à condition de s’appuyer sur des fondamentaux solides et une culture de la confiance. Cette stabilité ne relève pas du hasard : elle est le fruit d’une politique monétaire prudente, d’un cadre réglementaire stable et rigoureux et d’une collaboration étroite entre acteurs publics et privés. La confiance institutionnelle, partagée par les banques, les investisseurs et les particuliers, permet d’absorber les chocs externes et d’éviter les réactions excessives face aux fluctuations économiques mondiales.
La capacité du marché suisse à anticiper les évolutions, à privilégier la gestion à long terme et à maintenir un rapport apaisé à la dette contribue à préserver l’attractivité du secteur. Dans un environnement où l’incertitude est devenue la norme, la Suisse s’impose comme un exemple de résilience et d’innovation, offrant un modèle inspirant pour d’autres économies à la recherche de stabilité et de croissance durable.