Un engagement durable en faveur de la mobilité collective

Depuis plusieurs années, la Communauté d’agglomération du Pays d’Aubagne et de l’Étoile a fait le choix d’une politique volontariste en matière de développement durable. Ce choix se traduit notamment par une attention constante portée à la mobilité, considérée non seulement comme un levier de transition écologique, mais aussi comme un vecteur de justice sociale et de dynamisation économique.

Ainsi, plusieurs initiatives emblématiques ont été mises en œuvre pour encourager les modes de déplacement alternatifs à la voiture individuelle. Parmi celles-ci : la mise à disposition gratuite de vélos, la création de lignes de tramway, la relance de l’usage d’anciennes voies ferrées en site propre ou encore le développement de dispositifs de « pédibus » pour les trajets scolaires. Toutes ces actions traduisent une vision intégrée et cohérente de la mobilité durable.

C’est dans ce cadre qu’a été mise en œuvre la gratuité totale du réseau de bus de l’agglomération. Une première dans le département, cette mesure audacieuse a été pensée non comme un gadget politique, mais comme une étape décisive dans un projet global de transformation des usages de déplacement et de revalorisation du service public local.

 

Un réseau modernisé, une offre de transport repensée

Avant même l’introduction de la gratuité, le réseau de transport collectif du territoire avait connu une réorganisation en profondeur. L’objectif était clair : offrir un service de qualité, accessible et adapté à l’ensemble des habitants, quels que soient leur lieu de résidence ou leur profil.

Le réseau de bus comprend une dizaine de lignes régulières, avec un axe structurant traversant l’agglomération d’ouest en est. Les autres lignes, en forme d’étoile, permettent de relier le centre-ville d’Aubagne aux différentes communes périphériques. Dans les secteurs moins denses ou isolés, des services de transport à la demande ont été instaurés, fonctionnant sur réservation, afin de garantir une desserte équitable du territoire. Parallèlement, un ensemble de circuits scolaires assure la liaison entre les établissements éducatifs (écoles, collèges, lycées) et les lieux d’habitation des élèves.

L’ensemble de cette offre s’appuie sur une flotte de véhicules modernes, régulièrement renouvelée, respectueuse des normes environnementales, et pensée pour offrir un maximum de confort et de sécurité aux usagers.

 

Un changement de paradigme : la gratuité comme levier de transformation

L’introduction de la gratuité dans les transports publics a constitué un véritable bouleversement culturel et symbolique. Si cette mesure a suscité, à ses débuts, des interrogations et parfois de la méfiance — certains y voyant une dévalorisation du service public, d'autres craignant des abus ou une baisse de qualité —, elle a très rapidement fait la démonstration de sa pertinence.

La fréquentation du réseau a connu une croissance spectaculaire. Alors que les prévisions tablaient sur une augmentation progressive de la fréquentation, les chiffres ont très vite dépassé les attentes les plus optimistes, avec un doublement, voire un triplement du nombre de voyages effectués. Cette progression n’a pas été ponctuelle ou temporaire : elle s’est inscrite dans la durée, traduisant une transformation profonde des habitudes de déplacement des habitants.

Mais au-delà des chiffres, la gratuité a opéré une mutation dans le rapport des citoyens à la mobilité. Le bus, perçu auparavant comme un mode de transport de substitution, est devenu un choix délibéré, valorisé, moderne et convivial. La suppression de la barrière tarifaire a permis une démocratisation réelle de l’accès au transport, sans condition d’âge, de statut, de résidence ou de revenus.

 

Une politique aux effets multiples : environnement, économie, société

Les retombées de la gratuité s’observent dans trois domaines clés : l’environnement, l’économie locale et la cohésion sociale.

• Sur le plan environnemental, l’impact est immédiat : une part significative des trajets auparavant réalisés en voiture individuelle est désormais assurée par les bus. Cette évolution permet une diminution des émissions de gaz à effet de serre, une réduction du bruit en ville, ainsi qu’un désengorgement du trafic routier, notamment aux heures de pointe. Plusieurs milliers de déplacements en voiture sont ainsi évités chaque jour.

• D’un point de vue économique, la gratuité bénéficie directement aux ménages, qui voient leur pouvoir d’achat accru par la suppression du coût du transport quotidien. Mais elle profite aussi indirectement à l’ensemble du tissu économique local. En facilitant les déplacements, en particulier en période creuse ou le week-end, elle permet une hausse de la fréquentation des commerces, des marchés, des équipements culturels et de loisirs. La gratuité génère donc une dynamique territoriale, difficile à quantifier précisément, mais perceptible dans la vie quotidienne. Par ailleurs, les entreprises implantées sur le territoire bénéficient d’un meilleur accès de leurs salariés aux zones d’activité.

• Sur le plan social, la mesure se révèle être un puissant facteur d’inclusion. Elle garantit un droit universel au transport, en supprimant une source d’inégalité d’accès. Elle favorise l’autonomie des jeunes, des personnes âgées ou en situation de précarité, et contribue à retisser du lien entre les habitants et leur territoire.

 

Une viabilité économique assurée grâce à une gouvernance intelligente

Contrairement à une idée reçue, la gratuité n’est pas synonyme d’explosion des coûts. Sur le territoire du Pays d’Aubagne et de l’Étoile, elle a été rendue possible par un réajustement du financement public du transport. En particulier, une augmentation du versement transport — une contribution des entreprises de plus de neuf salariés — a permis d’absorber intégralement les coûts supplémentaires liés à la hausse de la fréquentation, sans recours à une hausse de la fiscalité locale pour les ménages.

L’un des indicateurs les plus révélateurs est celui du coût par voyage. Avant la gratuité, ce coût était relativement élevé, du fait d’une faible fréquentation. Avec l’augmentation du nombre d’usagers, ce coût a fortement diminué, ce qui prouve que la gratuité peut aller de pair avec une meilleure rentabilité du service public.

Par ailleurs, la mesure a permis une meilleure optimisation du réseau. Les périodes creuses, auparavant synonymes de bus vides, sont désormais mieux exploitées. Les samedis, les vacances scolaires, les matinées ou après-midis en semaine connaissent une fréquentation bien plus importante, ce qui valorise les investissements consentis en matière d’équipements et de personnel.

 

Une appropriation massive par les usagers

Une enquête de satisfaction réalisée à bord des bus, auprès d’un échantillon représentatif d’usagers, a permis de mesurer le niveau d’adhésion à cette politique. Les résultats sont sans appel : la quasi-totalité des voyageurs se déclare satisfaite du service.

Cette satisfaction tient à plusieurs facteurs. D’abord, à la simplicité d’usage : la suppression des titres de transport supprime un frein psychologique et pratique. Plus besoin de se soucier des tarifs, des abonnements ou des validations : il suffit de monter à bord. Cette accessibilité accrue contribue à banaliser le recours au transport public.

Ensuite, les usagers constatent que la qualité du service n’a pas été dégradée. Les bus restent propres, confortables, ponctuels, et le sentiment de sécurité y demeure élevé. Le climat à bord s’est même apaisé, selon de nombreux témoignages, notamment du fait de la disparition de la tension liée au contrôle des titres de transport.

Enfin, la mesure a permis d’attirer de nouveaux publics. Des jeunes, des familles, des salariés qui n’utilisaient pas les transports publics auparavant en deviennent progressivement des utilisateurs réguliers. La gratuité n’a pas seulement fidélisé les usagers existants, elle a élargi la base sociale du service.

 

Une communication créative et mobilisatrice

Le succès de la gratuité s’est aussi appuyé sur une stratégie de communication ambitieuse. En amont de son lancement, une vaste enquête qualitative a été menée pour comprendre les attentes, les freins et les représentations associées au transport public sur le territoire. Cette étude a permis de définir les grands axes de la campagne de communication à venir : rassurer, valoriser, mobiliser.

Plutôt que d’insister uniquement sur les bénéfices économiques de la gratuité, la campagne a choisi une tonalité émotionnelle, mettant en avant les valeurs d’égalité, de solidarité et de modernité. Le détournement symbolique de la devise républicaine – « Liberté, Égalité, Gratuité » – a constitué un axe fort de cette communication. La campagne s’est déployée en plusieurs temps : sensibilisation, mobilisation populaire, diffusion des premiers résultats, puis relance lors de la rentrée scolaire.

Cette démarche a été saluée au niveau national, recevant des distinctions prestigieuses dans le champ de la communication publique. Elle a surtout permis une appropriation rapide et enthousiaste de la mesure par les habitants.